Le jardin thérapeutique de l’HGM est devenu un modèle de guérison naturelle

Par Louise Quenneville 

Louise Quenneville est gestionnaire de projet à l’Hôpital Glengarry Memorial (HGM). Grâce à l’appui de la haute direction et du conseil d’administration de l’hôpital, et l’étroite collaboration de la gestionnaire en diététique et de l’équipe de réhabilitation de l’ACV, le jardin de l’HGM a connu un essor spectaculaire dans les cinq dernières années. Le but du travail de Louise en tant qu’innovatrice de Nourrir la santé est d’ajouter une bonne portion d’aliments frais du jardin dans le plateau de chaque patient.

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Quiconque connaît le pouvoir énergisant d’un jardin – l’odeur calmante de la lavande, le plaisir de croquer dans une tomate bien mûre et juteuse – peut imaginer à quel point l’effet serait encore plus profond pour qui souffre d’une maladie ou d’un traumatisme. Depuis 2011, l’Hôpital Glengarry Memorial (HGM) d’Alexandrie, en Ontario, offre justement cet effet restaurateur de la nature.

La première demande de subvention de HGM démontrait déjà tout le potentiel du jardin : « Étirez-vous, cultivez vos aliments, remontez-vous le moral ». Le projet de jardin visait à élargir notre expérience de réhabilitation des patients ayant subi un AVC, dans un cadre naturel à l’extérieur. Pour les patients qui se remettent d’un AVC, on sait qu’il est crucial de s’étirer les membres. Les activités de jardinage pendant l’été sont une autre option d’exercice quotidien, qui contribuent à améliorer la condition physique, la coordination, la motricité fine, la perception spatiale, la mémoire et bien plus encore. Cela procure aux patients un sentiment d’autonomie, la motivation de retrouver une activité qu’ils pouvaient faire avant l’AVC – c’est aussi parfois la découverte d’un nouveau loisir!

Il est complexe de mesurer les avantages du temps passé à jardiner sur le plan des résultats cliniques positifs ou de la durée du séjour à l’hôpital. Le diagnostic de chaque patient et les comorbidités possibles ajoutent à la complexité de l’exercice. On peut toutefois affirmer que le jardin ajoute de la qualité au séjour du patient à l’hôpital et qu’il leur remonte indéniablement le moral. Voici ce qu’en disent certains de nos patients en réhabilitation après un AVC. Jack, un homme de 60 ans : « Je suis ici depuis quatre mois et ça fait du bien de sortir de l’hôpital et de ma chambre, de voir pousser tout ça. Dans le jardin ici, il y a toutes sortes d’odeurs, c’est fantastique! » Michel, un patient de 75 ans : « Nous avons un jardin chez nous et j’ai l’habitude d’aller y faire un tour soir et matin. Avec le jardin, j’ai l’impression d’être à la maison. » Un patient de 70 ans : « J’adore travailler dans le jardin, j’adore ça! C’est une idée merveilleuse que les patients passent du temps ici. »

Les patients cultivent eux-mêmes des aliments. Pendant qu’ils jardinent, ils peuvent manger ce qui pousse. Selon l’abondance de la récolte, les produits ont parfois suffi à approvisionner le buffet à salades de l’hôpital et l’assiette des patients.

Les deux dernières années marquent un jalon pour le jardin en raison de notre association avec des collèges et universités. Ces partenariats ont permis d’obtenir des fonds pour agrandir le jardin et de verser un salaire à des étudiants pour la planification, la plantation et la récolte. Dernièrement, nous avons noté une augmentation importante du rendement du jardin grâce au partenariat avec un collège d’agriculture, dont un étudiant a supervisé la planification et la rotation des cultures du jardin.

La recette du succès d’un jardin d’hôpital repose sur une multitude de facteurs et de défis à relever. Le problème principal est évidemment la difficulté pour l’établissement de couvrir les coûts initiaux de la mise sur pied du jardin. Aujourd’hui, la création d’un jardin est plus durable et plus viable : on connaît davantage l’importance de l’alimentation dans les soins de santé, la recherche et les partenariats appuient ce genre de projet et il existe diverses avenues de financement.
 

Pour réussir à mettre sur pied un jardin d’hôpital, il faut d’abord :

  • Dresser un plan de cinq ans pour le jardin
    Commencez petit et grandissez peu à peu (nous avions au départ cinq platebandes surélevées)

  • Obtenir le soutien clé du conseil et de la haute direction de l’hôpitalPréparez un plan que vous pourrez leur présenter pour le jardin…

  • Identifier les diverses sources et possibilités de financement
    Il y en a plusieurs – subventions de ministères provinciaux et projets de recherche des universités, par exemple. Vous pouvez aussi contacter des organismes du secteur agroalimentaire pour obtenir des fonds, de l’orientation et de l’aide.

Recommandations tirées de l’expérience:

  • Collaborez avec des universités et des collèges agricoles. 
    Il y a parfois des fonds pour agrandir le jardin et couvrir le salaire d’étudiants. Embauchez un étudiant en agriculture ou contactez le collège pour voir si votre jardin peut faire partie de l’expérience des étudiants en coopérative.
  • Notez tout ce qui concerne la plantation, la rotation des cultures et les leçons apprises.
    Date de création du jardin, ravageurs et mesures pour les combattre, rendement du jardin, légumes ayant donné les meilleurs résultats et pourquoi, température au cours de la saison, etc. C’est tout à fait le genre d’expertise qu’un étudiant en agriculture pourrait offrir au projet.
  • Faites des suggestions pour améliorer le jardin l’année suivante.
  • Planifiez le jardin de l’année suivante dès l’automne ou le début de l’hiver.
  • Incitez les familles à participer au jardin avec les patients et mobilisez le personnel autour de diverses activités – quelques idées : Journée porte ouverte, jour de marché ou atelier sur l’ail
  • Joignez-vous à des organismes ayant des objectifs communs.
    Ces organismes sont un mécanisme de soutien extraordinaire – les idées surgissent au fil des discussions et du partage des expériences.
  • Visez la pérennité du jardin et si vous réussissez, racontez votre histoire!