La deuxième retraite de la cohorte de Nourrir la santé s’est déroulée en pleine montagne, dans une forêt du territoire des Salish de la côte. L’enthousiasme des 25 membres de la cohorte, enfin physiquement réunis pour cinq jours après une longue année de réunions en ligne et de conversations téléphoniques, était palpable. L’événement a bénéficié de services d’interprétation simultanée qui ont facilité la transmission des savoirs entre les membres francophones et anglophones de la cohorte.
La retraite a débuté par un parcours de découverte culturelle le long de l’autoroute 99, communément appelée Sea-to-Sky. Les participants sont partis de Vancouver pour se rendre à Whistler, traversant ainsi les territoires non cédés des Salish de la côte, y compris des xwməθkwəy̓əm (Musqueam), des Skwxwú7mesh (Squamish) et des Stó:lō et Səl̓ílwətaʔ, ou Tsleil-Waututh (Slay-wa-tooth). Pendant le voyage, les innovateurs ont appris l’existence de diverses légendes, dont celle du serpent bicéphale géant Sinulhka, à l’origine d’une crevasse dans une falaise appelée Stawamus Chief, ainsi que celle de l’oiseau-tonnerre, source du tonnerre et des éclairs, qui trône au sommet du mont The Black Tusk, son repaire favori, près de Whistler.
Après l’arrivée des participants au Brew Creek Centre, la retraite a démarré par un cercle d’ouverture qui a permis aux membres de donner un aperçu de ce qu’ils souhaitaient y apporter et en retirer ainsi que de revenir sur les principales leçons apprises en cours d’année. L’un des thèmes qui sont ressortis de l’activité est la réconciliation avec les peuples autochtones. Par exemple, la cohorte y a appris que l’innovatrice saskatchewanaise Stephanie Cook avait décidé de réserver une partie du jardin de son hôpital à la roue de médecine, où elle pourra tisser des liens avec des aînés et apprendre à cultiver des plantes médicinales traditionnelles. Marianne Katusin, de Halton Health, en Ontario, a souligné que son modèle de leadership évoluait, et que son équipe se préoccupait aujourd’hui davantage des questions d’approvisionnement alimentaire local. Josée Lavoie, du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, a fait état de ses gains en matière de promotion du service aux chambres et de l’alimentation locale, de même que des difficultés associées aux changements en haut lieu. De nombreux innovateurs ont fait le récit de leur parcours personnel, y compris de la façon dont ils sont sortis de leur zone de confort pour assumer de nouvelles responsabilités, et fait ressortir les réussites et les échecs associés à leurs tentatives de transformer des systèmes complexes et réfractaires au changement.
Les équipes de projet collaboratif ont aussi pu demander de l’aide à leurs pairs et tirer parti de la sagesse et des différentes perspectives des autres membres de la cohorte grâce à la méthode des « groupes sages » de Liberating Structures. Les chefs de projet ont posé des questions relativement à des problèmes importants devant être résolus pour leurs projets et ont pris le temps d’écouter les réponses du groupe.
- Annie, dont le groupe travaille au projet des menus durables, a demandé : Comment pourrait‑on rendre un outil de gestion des menus durables le plus convivial possible tout en s'assurant qu'il répond aux besoins en matière de création de menus?
- L’équipe de Carlota, qui travaille à un outil de mesure de l’expérience alimentaire des patients, a posé la question suivante : Quelle méthode pourrait être employée pour mettre le sondage à l’essai, et quels outils, produits ou ressources rendraient votre participation possible?
- Dan, dont le groupe élabore un modèle national de demande de propositions, a demandé : Comment peut‑on intégrer, de façon utile, ses valeurs aux critères d'un modèle national de demande de propositions, y compris des valeurs associées aux modes d’alimentation autochtones?
- Anne, qui dirige un projet regroupant plusieurs intervenants sur l’approvisionnement alimentaire durable au Québec, a demandé : Quels critères d'approvisionnement alimentaire durable serait‑il le plus approprié de développer collectivement, à l'échelle nationale?
- L’équipe de Marianne, dont les efforts visent la définition d'objectifs et l'élaboration de mesures connexes pertinentes pour l’approvisionnement alimentaire des établissements, en considération de la Loi de 2013 sur les aliments locaux, a demandé ce qui suit : Quels objectifs ou mesures en matière d’aliments locaux seraient pertinents pour votre organisation? Combien de temps vous faudrait‑il pour élaborer des valeurs de référence à intégrer aux rapports?
- L’équipe de Kelly, qui produit une ressource pour les programmes d’alimentation traditionnelle, a demandé : Imaginez que votre organisation dispose d’une ressource ou d’un outil en matière d’alimentation traditionnelle. À quoi ressemblent cette ressource ou cet outil, et de quelle façon pourrait‑on en tirer parti?
En posant ces questions, les équipes ont pu confirmer ou infirmer leurs suppositions relativement à leur projet.
Le deuxième jour, les participants ont réalisé des visites d’apprentissage, d’une part pour élargir leurs perspectives relativement à ce qui se passe « sur le terrain » en matière d’agriculture durable et, d’autre part, pour approfondir leurs connaissances de l’histoire et de la culture autochtones. Chaque membre a visité au moins deux des endroits ci-dessous.
- North Arm Farm est une exploitation agricole familiale de 55 acres certifiée biologique, située à Pemberton et gérée par Trish et Jordan Sturdy. Il s’agit d’une des plus grandes exploitations agricoles de la région.
- Le centre culturel Squamish-Lil’Wat a pour mission de diffuser l’histoire et la culture des Premières Nations Squamish Lil’wat. La visite était dirigée par Bill, un membre de grande expérience de la communauté des Premières Nations.
- Artisan Farm est une petite exploitation axée sur l’agriculture permanente et biodynamique située à Paradise Valley. Sa propriétaire est Emily Alexis. L’éducatrice autochtone Senaqwila Wyss s’est jointe aux visiteurs pour leur transmettre ses connaissances sur la flore médicinale locale à l’occasion d’une promenade à saveur ethnobotanique.
- Helmer’s est une exploitation de pommes de terre de semence biologiques située dans la magnifique vallée de Pemberton. Anna Helmer et sa famille cultivent leur terre selon les principes de l’agriculture biologique depuis qu’ils l’ont défrichée dans les années 1980. Les visiteurs sont revenus avec trois sacs de pommes de terre à cuisiner pour le souper.
- Shaw Creek Farms est une exploitation de pommes de terre de semence familiale tenue par John et Michelle Beks, dont les pratiques agricoles continuent d’évoluer, suivant le principe qu’il est essentiel de se préoccuper des besoins de la clientèle.
- Green Bee est une petite exploitation apicole tenue par Michalina Hunter et Darwyn Moffatt-Mallett. Ces derniers, originaires de la côte Ouest, sont venus à Squamish pour leurs études et ont commencé à y élever des abeilles parallèlement à leur emploi à temps plein pour le Squamish Food Policy Council.
Les visites d’apprentissage ont permis aux membres de la cohorte de réfléchir à leur relation à la terre et aux façons dont le secteur de la santé peut tisser des liens avec les systèmes alimentaires et agricoles.
Le lendemain, la cohorte a participé à une séance de prototypage au cours de laquelle les membres ont pu concrétiser et mettre à l’épreuve leurs propositions de projet collaboratif. Les participants ont donné vie à leurs idées au moyen de matériel d’artisanat, de scénarios en images et de prestations, qui leur ont permis de présenter leur travail aux autres membres. L’exercice de prototypage, par exemple, a permis à l’équipe du projet d’alimentation traditionnelle d’expliquer son changement de cap relativement au développement d’un guide sur l’alimentation traditionnelle et de se libérer des contraintes du projet associées au budget et à l’échéancier. L’équipe travaillant à l’expérience des patients a pour sa part rendu compte du pouvoir transformateur de la mesure de l’expérience alimentaire, et le groupe du projet sur les demandes de propositions a organisé un atelier sur la difficulté de trouver un équilibre entre la clarté des critères d’approvisionnement et l’intégration d’éléments de nature culturelle et spirituelle.
La retraite de Nourrir la santé a permis aux membres de la cohorte de profiter du temps et de l'espace nécessaires pour donner un nouvel élan à leurs projets collaboratifs, réfléchir ensemble à leur cheminement et préparer l’avenir. Pendant le cercle de fermeture, le groupe a dit souhaiter que les réalisations de Nourrir la santé soient communiquées à plus grande échelle et que les difficultés rencontrées soient portées à l’attention des décideurs afin de produire des changements systémiques durables en ce qui a trait à l’alimentation dans le secteur de la santé.
Imaginant l’avenir, les participants ont formulé des grands titres frappants et inspirants, dont voici quelques exemples :
- L’héritage de Nourrir la santé : 25 grands noms des services alimentaires offrent aux patients une expérience alimentaire incomparable
- La Commission de vérité et réconciliation du Canada renforce le bien-être commun en changeant notre rapport aux aliments et le rôle de l’alimentation dans la culture
- La production de miel pour le secteur de la santé : une pratique qui essaime
- De nouveaux menus durables s’appuyant sur l’alimentation traditionnelle répondent aux besoins des patients et suscitent l’adhésion des intervenants
- Les patients enchantés de leur expérience alimentaire au Canada
- L’alimentation dans le secteur de la santé transformée par 25 innovateurs de tout le Canada qui invitent la population à leur emboîter le pas
Participants
Innovateurs de Nourrir la santé
Andrea Connell, chef de la prospection et des services alimentaires, Nova Scotia Health Authority
Anne Gignac, adjointe au directeur des services techniques (services alimentaires), CHU de Québec-Université Laval
Annie Marquez, chef de service – gestion de menu et système d’information diététique au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
Carlota Basualdo-Hammond, directrice générale des stratégies, des normes et des pratiques provinciales pour les services alimentaires, Alberta Health Services
Charlotte Pilat Burns, chef régionale des services et de la salubrité alimentaires, Saskatoon Health Region
Cheryl Cooke, chef des services alimentaires, Kelowna General Hospital
Cosmin Vasile, CHU de Québec-Université Laval
Danielle Barriault, directrice des initiatives en matière d’alimentation des patients, Alberta Health Services
Dan Munshaw, chef de l’approvisionnement, Ville de Thunder Bay
Donna Koenig, chef des services de soutien, Interior Health
Elaine Addison, directrice des services alimentaires, région de Saint John, Horizon Health
Josée Lavoie, diététiste et chef de service des activités d’alimentation, CHU Sainte-Justine
Kathy Loon, chef des programmes traditionnels, Sioux Lookout Meno Ya Win Health Centre
Kelly Gordon, nutritionniste communautaire, Six Nations Health Services
Leslie Carson, chef des services d’alimentation et de nutrition, Yukon Hospital Corporation
Louise Quenneville, gestionnaire de projets, Hôpital Glengarry Memorial Hospital
Marianne Katusin, chef des services alimentaires, Halton Healthcare
Michelle Nelson, directrice territoriale principale des services hospitaliers, Covenant Health, Edmonton
Shelly Crack, nutritionniste communautaire, Northern Health
Stephanie Cook, directrice des services de nutrition et d’alimentation, Regina Qu’Appelle Health Region (RQHR)
Suzanne House, chef des services d’alimentation et de nutrition, Central Health
Theresa (Tessie) Harris, nutritionniste et coordonnatrice du programme de gestion des maladies chroniques, Northern Health
Travis Durham, chef des services d’alimentation et de nutrition, Grove Park Home
Conseillers de Nourrir la santé
Hal Hamilton, codirecteur, Sustainable Food Lab
Melanie Goodchild, agrégée supérieure de recherche et ambassadrice, affaires autochtones, Waterloo Institute for Social Innovation and Resilience
Carole Saint-Pierre, anciennement au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec
Wendy Smith, spécialiste des contrats, MEALsource
Victoria Wakefield, chef de l’approvisionnement, Université de la Colombie-Britannique
Équipe de Nourrir la santé
Beth Hunter, directrice des programmes, fondation de la famille J.W. McConnell
Hayley Lapalme, conceptrice et facilitatrice du programme Nourrir la santé
Cheryl Hsu, chercheuse conceptuelle et stratège en communication au programme Nourrir la santé
Vidhi Gupta, coordonnatrice des communications au programme Nourrir la santé